Une saison au jardin d'Eden...

Vous avez vu comme les incantations journalistiques de ces derniers temps m'ont mis les nerfs en boule!!

J'en ai balancé des liens sur FB, des mails etc... J'en ai râlé contre ces journalistes de télévision, de radio, et de magazines contre toutes les conneries qu'ils ont pu dire sur notre métier!!

Mais aujourd'hui, lorsque je vois le printemps qui commence à se manifester, même si c'est une période stressante et chargée en travail , c'est souvent de loin la saison la plus belle en promesses que la nature ait à nous offrir.

Et pour vous faire partager ce plaisir d'assister à la vie de Dame Nature, à son évolution, aux travaux que nous avons à faire pour accompagner la végétation afin qu'elle nous offre à la récolte le meilleur d'elle-même, je me suis dis : pourquoi ne pas faire un photo reportage en direct-live de l'évolution de la végétation de maintenant à la récolte?? Si j'arrive à être suffisemment assidu, cela evrait être sympa et instructif.

Et également cela pourra rétablir la vérité face aux inepties de certains journalistes pourtant diplomés de grandes écoles! Ceux-là mêmes pourront efin apprendre que la Vie ne se joue pas seulement dans les bouchons de la capitale, ni ans le métro, ni dans les salons parisiens!

Le best-reader 2011 serait-il ici??

  Puisque nous y sommes, autant commencer ce reportage:

• 05 Mars : Démarrage de la végétation

 Un peu comme partout en France, nous avons eu un mois de décembre relativement froid. La végétation a, selon les espèces, besoin d'un certain nombre d'heures de froid, c'est à dire de tepérature en decà de 7°C. Ce besoin  a largement été pourvu pour les pommiers en début d'hiver, et les premiers rayons de soleil de début mars, aidant le thermomètre à froler les 15°C en journée, ont provoqué un démarrage relativement précoce de la végétation. (Nous avions eu 40 cm de neige dans le Gard en 2010 début mars).

  Ce sont donc les premiers mouvements des bourgeons qui, en gonflant, nous laissent apparaitre les premiers organes verts, sources de vie pour l'arbre.

• 18 Mars : apparition des organes floraux 
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  Quelques jours après, on voit s'étaler au grand jour, à plat, les premières vraies petites feuilles, dites "feuilles de rosettes", et en leur centre, on devine de 5 boutons floraux. donc pour chaque bourgeon, nous avons potentiellement et naturellement 5 pommes!!! Bien plus qu'il n'en faut et bien plus que l'arbre ne pourrait en supporter!!

  Si les températures et le soleil sont de mises, entre cette photo et la précédente, il peut ne s'écouler que 24 ou 48 heures. On est au stade "ballon", la fleur centrale est prête à étaler ces pétales blancs. Il est temps de demander à mon apiculteur de déposer des ruches dans le verger.

• 23 Mars : Date symbolique...

Oui, vraiment une date symbolique... Je n'ai pas été dans mon verger toute la journée, mais franchement, quelle belle journée! Les vrai premières fleurs ont éclos, profitant du soleil caressant que nous avons en ce moment, de la douceur de cette journée! Un régal!

Comment vous expliquer le contraste que je peux vivre? Face à parfois une forte lassitude de ce métier due à toutes les difficultés techniques, commerciales et règlementaires rencontrées, et en ce moment cette période pleine de promesses, où l'on assiste à la renaissance de la vie de la végétation, où le fait de se promener dans nos vergers nous remplis les yeux d'images superbes!

J'ai pu capturer cette fleur... La seule ouverte est la fleur centrale du corymbe qui est constitué des cinq fleurs, le tout issus d'un seul et même bourgeon. Au centre, vous devinez les étamines, portant le pollen. Celles-ci sont toujours blanches, la fleur a du s'ouvrir il y a quelques minutes ou quelques heures seulement, elle n'est pas encore pollinisée. Les abeilles ont enfin leur travail à faire.

Le rôle des abeilles est surtout de polliniser correctement chaque fleur. Lorsque je dis correctement, cela veut dire féconder chaque ovaire de la fleur. En effet, l'organe central à la base de la fleur est un ovaire, constitué de plusieurs ovules. Un ovule fécondé, donnera... un bébé, un pépin! Et le nombre de pépins présents dans une pomme est un facteur prépondérant pour son futur calibre. Une pomme sans pépin risquera de chuter au printemps du fait de la concurrence entre les fruits et la pousse de l'arbre. Alors qu'une pomme dont les "loges capellaires" sont toutes remplies sera prioritairement apprivisionnée en nutriments par l'arbre. Tout cela, grâce à des échanges hormonaux, les mêmes qu'ils se passent dans notre corps.

Donc pour l'instant, chère Mme Saporta, je suis navré, nous n'avons utilisé aucune "hormone d'accrochage" comme vous le dites dans vos oeuvres!

• 25 Mars : l'émerveillement continue.

Tout doucement, les fleurs continuent de s'ouvrir. On est vendredi, mais je pense qu'il n'y aura pas de week-end pour les abeilles. Lundi, je m'attends à ce que l'on soit en pleine floraison, et il faudra commencer les premières interventions pour supprimer beaucoup de fleurs... Explications à venir.

En attendant, la détente face à ce spectacle est tout de même toute relative, puisque ces petits organes végétaux tout beaux, tout tendres, tout fragiles craignent... le froid!  Nous avons eu une semaine superbe d'ensoleillement, sans vent. Mais le corrolaire est que les matinées sont fraiches. Il y a de la gelée au sol. A ce stade, s'il venait à faire -2°C sur le végétal, les fleurs et les fruits qui ne sont que des ovaires non fécondés, gèleraient : leurs structures cellulaires seraient détruites par le gonflement de l'eau contenue lors de sa transformation en glace. Il nous faut être vigilents prêts à intervenir à toute heure de la nuit pour déclencher les moyens de lutte contre le gel que nous possédons (aspersion par de l'eau ou allumage de bougies de parafine...) Alors je croise les doigts pour avoir des nuits les plus tranquilles.

• 31 Mars : Las abeilles en plein travail, et nous on surveille...

Ca y est, c'est officiel, il va falloir préparer les faire parts de naissance... Enfin presque, on verra cela après la fin des risque de gel de printemps, puis de grêle... jusqu'à la récolte...

Mais enfin pour l'instant tout ce passe bien. Le temps pluvieux du week-end a un peu ralenti la végétation, mais les après midi sont douces à défaut d'être très ensoleillées. On est en pleine floraison, pour Pink Lady, qui est la première à fleurir, et les autres vont suivre dans la semaine.

 Alors les abeilles s'en donnent à coeur joie et s'enivrent de pollen...

Se promener dans le verger est un bourdonnement permanent, même en étant éloigné des ruches.

A partir de ce moment, même si les abeilles ont encore à travailler pour créer la maximum de pépins à l'intérieur des fruits, nous commençons à provoquer l'avortement de certains fruits. Pour cela nous appliquons par pulvérisation une huile végétale qui, en se déposant sur les feuilles, va diminuer la capacité de photosynthèse de l'arbre, qui va donc être stresser et va dès maintenant commencer à se séparer des fruits les moins bien pollinisés.

Nous appliquons également un peu de souffre (autorisé en AB!!) qui va provoquer une petite mais suffisante brûlure des fleurs au niveau des pistiles et des étamines. Mais à cette dose, rien de toxique pour les abeilles!!!

• 08 Avril : fin de la floraison, les fruits arrivent...

Grâce au temps doux et ensoleillé, nous n'avons en ce moment pas de soucis avec la tavelure, le principal champignon apporté par la pluie qui colonise feuilles et fruits. Donc pas de traitement de ce coté là...

Par contre vous constatez que la végétation avance bien : les pousses vertes se développent, les fruits commencent à grossir alors que certaines fleurs sont encore présentes...

A ce stade, les fleurs centrales, les premières qui se sont ouvertes sont pollinisées depuis plusieurs jours et sont en avance sur les autres fleurs du même corymbe. Il faut continuer à aider l'arbre à se décharger de fruits potentiels. Sur 5 fleurs au départ par bourgeon, l'idéal est qu'il ne reste qu'un fruit.

Alors, pour diminuer un long travail manuel qui aura lieu en juin -l'éclaircissage manuel-, et pour aider l'arbre à accentuer une chute physiologique naturelle de fruits qui dans tous les cas a toujours lieu, on travaille sur la concurrence entre la pousse végétative de l'arbre et les fruits. C'est l'éclaircissage.

Pourquoi les plantes poussent-elles vers le soleil et non vers le sol? Pourquoi les tournesols ont leurs feuilles et leurs fleurs qui suivent le soleil au cours de la journée? C'est grâce aux hormones naturelles des plantes, qu'elles contiennent et produisent, tout comme nous! On trouve notamment les auxines qui provoquent un allongement des cellules et leur multiplication. Mais cette hormone est photolabile : elle est détruite par la lumière... (c'est pour cela que des plantes privées de lumières suffisantes vont pousser tout en longueur, on dit qu'elles vont chercher le soleil!).

En appliquant les produits éclaircissants par pulvérisation (produits de synthèse ou naturels selon les cas), nous allons favoriser la production naturelle de cette hormone pour privilégier un temps bref la pousse végétative: l'arbre ne pourra pas alors assumer le fait de pousser et en même temps nourrir de jeunes fruits... Sélection naturelle, les plus petits moureront et tomberont.  

Certains de ces produits étant fragiles, photosensibles et devant pénétrer par les feuilles, il est nécessaire de les appliquer lors de conditions météo favorables : pas de vent, pas de forte chaleur, peu de lumière, et il faut de l'humidité... Le mieux, c'est donc de le faire de nuit. Nous adaptons pour chaque variété et en fonction évidemment du taux de floraison.

Pink Lady étant la variété la plus en avance, on a déjà des petits fruits qui mesurent 5 mm de diamètre. Le grossissement de la semaine prochaine va dépendre de la météo. Du mistral nous est annoncé, ce qui pourrait stresser les arbres (conditions venteuses sèches) et accentuer le phénomène attendu de chute de fruits... On verra après le Week-end!

Nous sommes loin de la diabolisation des "hormones de décrochage" décrites par Mme Saporta! Et pan sur le bec!

• 20 Avril : Le début de la chute des fruits.
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Les fruits sont maintenant bien formés. Nous surveillons leur grossissement. Ils commencent à se différentier : certains grossissent et d'autres non, ou moins...

Ce sont les plus petits qui vont chuter. C'est une élimination naturelle qui s'opère, dans tous les cas, les arbres ne peuvent pas produire autant de fruits. Sur ce bouquet, 2 vont chuter sûrement et peut-etre un autre, mais cela n'est pas sûr...

Il faut dans tous les cas qu'il ne reste que un voire deux fruits de temps en temps sur chaque bouquet.

Nous avons encore deux à trois semaines pour voir le résultat de nos éclaircissages... Ni trop, ni trop peu serait bien. Car s'il reste trop de fruits, c'est à la main que nous devrons les enlever, et s'il n'y en a pas assez, c'est au porte monnaie que nous en auront trop enlevé!

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• 28 Avril : La sexualité à nue dans nos vergers !

Quel métier sage que celui d'arboriculteur me direz vous avec tout ce que je vous raconte! Eh bien... pas tant que cela. Parce qu'en fait, en ce moment nous nous mêlons de... la sexualité des papillons!

Je vous explique : Vous avez tous en tête des souvenirs de pommes véreuses cueillies dans les vergers de vos grands parents, ou pour d'autres, l'image d'un vers sortant tout guilleret d'une pomme! Ce ne sont pas que des images d'Epinal..

En effet, il existe un insecte : le carpocapse, ravageur particulièrement pénalisant pour la pomme. Son cycle de vie est le suivant :

- Il passe l'hiver sous forme de nymphe et au printemps, en avril, il se transforme en papillon. C'est là que débute le vol du carpocapse. C'est à ce stade qu'il s'accouple pour se reproduire. Mme Carpocapse n'ayant pas encore trouvé de Channel N°5 à son goût, émet, pour attirer son futur amoureux une hormone olfactive sexuelle appelée phéromone. C'est en suivant cette "trace" que le mâle réussit à localiser la femelle afin de ... (ils vécurent heureux et eurent pleins d'enfants)... La femelle ainsi fécondée va, quelques jours après, pondre ses oeufs... sur les pommes.

- Survient l'éclosion de l'oeuf qui voit la naissance d'un joli petit vers tout mimi, mais qui adore les pommes. Son premier geste est de mordre dans la pomme et d'y plonger jusqu'au coeur.

- Il se nourrit bien de nos fruits, et quelques semaines après, en ressort, pour se muer en papillon et à nouveau s'accoupler.

Il y a ainsi quasiment trois générations de carpocapses d'avril à septembre. Les dégats en vergers peuvent être absolument considérables pour des fruits invendables et inconservables vous l'avez deviné.

Longtemps, les traitement insecticides ont été utilisés. Depuis une dizaine d'années, on utilise la méthode de lutte par confusion sexuelle : nous disposons sur l'ensemble de la surface du verger des diffiseurs de phéromone. Ainsi le papillon mâle est dans l'impossibilité de répèrer la femelle et ainsi de s'accoupler donc de se reproduire.

Cette méthode utilisée par tous les pomiculteurs en production raisonnée, évite l'utilisation d'insecticides et est homologuée en agriculture biologique. C'est ce que nous avons fait cette semaine en disposant sur le haut des arbres le petites tiges rouges que vous voyez sur la photo.

-Message personnel-: Vous voyez, Mme Saporta, que même les producteurs "industriels" comme vous les appelez et dont je fais partie ont su faire développer leurs pratiques. (car il a fallu fairedes essais pour valider et homologuer cette technique il y a dix ans -essais auxquels mon verger a participé-). Ces techniques ne sont pas l'apanage du Bio, car c'est bel et bien dans les vergers traditionnels en production raisonnée et adhérents à la Charte des pomiculteurs de France que cette technique a été développée et maintenant utilisée.

•   Juin : Eclaircissage manuel...

Non non, je ne parle pas à mon ouvrier portugais, c'est juste le nom que porte notre activité du mois de juin. Pour toutes les variétés bicolores, à savoir Reine des Reinettes, Gala, Elstar, Ariane, Pink Lady et Sundowner avec l'aide de pas mal de personnel, nous avons paufiné l'éclaircissage, en sélectionnant à la main quantitativement et qualitativement les fruits que nous souahtions laisser sur les arbres.

La difficulté de ce genre d'exercice reste de donner les bonnes consignes au personnel, de surveiller que l'on obtient le résultat escompté et si besoin de corriger les consignes. On essaie de laisser un nombre global de fruits par arbre (environ 250), sachant que l'on raisonne aussi en fonction du diamètre de la branche, de l'espace entre les fruits et de la situation du fruit sur la branche et dans l'arbre...

Avant le passage on en est là : on devine une branche linéaire avec des fruits qui se retrouve à plusieurs sur le même bouquet, très serrés, et on se demande comment vont ils pouvoir faire pour grossir...

Mais après, la même branche: les fruits sont individualisés (un seul par bouquet), bien espacés, et on a choisi les plus beaux!!!

    Si j'osais... Je ne sais pas si vous vous rendez compte de la masse de travail que cela représente (120 heures de travail par hectare!) et de la minutie que cela nécessite, mais lorsque nous éclaircissions cette variété justement, Reine des Reinettes, je me disais... Quel travail d'orfèvre sommes nous en train de faire...

• Août : Début de la récolte.

Après toute cette saison de soins apportés à nos arbres, après avoir jonglé et fait au mieux avec le climat, le printemps doux nous apporte une récolte plus précoce de 10 jours par rapport à la normale.

 Je n'avais jamais ramassé autant de pommes à cette époque. En fait le début de la récolte a démarré avec Reine des Reinettes le lundi 25 juillet.

Concernant cette variété, vous vous souvenez du travail d'orfèvre que je vous ai décrit précédemment ?

Eh bien à ce jour, nous sommes en capacité de mesurer pleinement le bien fait de notre travail : de belles pommes, d'un calibre régulier, d'une coloration exemplaire et d'un parfum merveilleux avec ce qu'il faut de sucre et d'acidité.

 Certes, leur arrivée en maturité étant très progressive, il va nous falloir faire 6 ou 7 passages dans les arbres pour cueillir "à point" chaque pomme, et les cueillir à la main!

Alors... fruits de ce travail d'orfèvre : de vrais bijoux !!!

Des pommes à offrir en cadeau pour une Saint Valentin estivale!!!

Bone dégustation à tous!

Alors pour fêter ce début de récolte, profiter de vos vacances et des beaux jours, les arboriculteurs français vous invitent à visiter leurs vergers, répondre à vos questions, vous faire déguster leur production du moment. Pour en savoir plus, cliquez :

http://lapomme.org/vergers-ecoresponsables/les-vergers-ouverts

Cette année les VERGERS OUVERTS auront lieu :

les 09 et 10 Septembre 2017

SARL SEFCO , Rémy FOISSEY, Visites, explication et dégustations, ballades e calèche et démonstration de matériel!

30300 Jonquières St Vincent de pommes et jus de pommes

Accès au VERGER par la Chapelle St Laurent qui est à la sortie de Jonquières sur la Route de Beaucaire

Samedi 09 de 10 h à 12h et 14h à 18h

et

 Dimanche 10 de 10 h à 12h et 14 à 18 h

Tel : 06 15 41 44 42

ANIMATIONS gratuites, pour votre plaisir, celui de vos enfants, le plaisir de découvrir

comment nous travaillons, pour vous nourrir sainement et vous apporter du plaisir…